Conférence : Le Haut Potentiel existe-t-il?

Je vous avais annoncé que la prochaine édition de ma conférence serait enregistrée… et bien, c’est chose faite !

Voici donc la vidéo du « Live » de la conférence privée de ce dimanche 29/11/2020 pour Mensa Montréal.

Synopsis :
Dans cette ère qui prône l’individualisme, l’affirmation de soi, la reconnaissance des droits de l’enfant et les besoins éducatifs spécifiques, le haut potentiel s’inscrit comme une évidence et devient un effet de mode. Une large population revendique maintenant être « haut potentiel ».
Qu’en est-il exactement ?
Qu’est-ce que l’intelligence et comment la mesure-t-on ?
Ce concept de haut potentiel représente-t-il une réalité ?
Ce sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre…

Liens sur la chaîne YouTube publique de Mensa Be :
Lien partie 1 : https://youtu.be/Y8BmNTLliNQ
Lien partie 2 : https://youtu.be/cYhPdZYyXUQ

N’hésitez pas à partager massivement ! 😉

Le haut potentiel, un handicap scolaire?

A l’heure actuelle, il semble que la Fédération Wallonie-Bruxelles éprouve toujours des difficultés à se défaire des légendes sur le HP, ces « neurofoutaises », inventées par certains praticiens, des experts autoproclamés, et encore massivement diffusées par les médias, au plus grand dam de la communauté scientifique.

Ainsi, on peut notamment lire sur le site enseignement.be : « Il est admis qu’un élève à hauts potentiels sur trois est en échec scolaire ». Cette affirmation permet de justifier leur position, alors qu’il a été démontré scientifiquement que cette hypothèse était tout à fait erronée. (cf « La pseudoscience des surdoués », Franck Ramus et Nicolas Gauvrit)

Si on prend les fameuses caractéristiques qualitatives (arborescence de la pensée, hypersensibilité, perfectionnisme, inadaptation sociale,…) comme critères d’identification d’un haut potentiel, cela conduit effectivement à des erreurs et on se voit qualifier de haut potentiel la majorité des enfants ayant des difficultés de tout ordre (cognitif, émotionnel, social).

Au contraire, il a pu être démontré que la notion de haut potentiel renvoie plutôt à de meilleures aptitudes cognitives (rapidité et efficacité de la cognition, meilleure mise en lien de l’information) et, par conséquent, à de meilleures facultés d’apprentissage, objectivables par l’administration d’un test de QI standardisé.

Malheureusement, les idées reçues sur le haut potentiel s’invitent partout, jusqu’aux institutions les plus réputées

En effet, quelle ne fût pas ma surprise de trouver, dans une « demande d’aménagements raisonnables » pour les élèves à besoins spécifiques/en situation de handicap, le haut potentiel au beau milieu de troubles (troubles « dys », TDA/H, troubles auditifs et visuels), avec comme options à cocher, une liste de symptômes tels que :

  • Difficultés liées au langage, à la lecture, l’écriture ou l’orthographe
  • Difficultés visuo-spatiales ou motrices
  • Difficultés d’attention et/ou concentration, fatigabilité, difficulté d’organisation
  • Difficultés sensorielles visuelles ou auditives
  • Difficultés à gérer le stress, un horaires et des délais
  • Difficultés à établir des contacts interpersonnels
  • Aptitude limitée à tolérer les bruits et les foules
  • Risque de malaise, d’absences fréquentes,…

Ainsi que cette proposition de choix comme seules possibilités d’aménagements :

  • Allègement de l’année,
  • Absences ponctuelles justifiées,
  • Tolérance orthographique,
  • Tiers-temps complémentaire aux examens,
  • Modification des modalités de l’examen (support, isolement, sorties autorisées,…)

Ces demandes d’aménagements pédagogiques spécifiques semblent bien instrumentalisées dans une cause qui ne peut qu’aboutir à la victimisation de ces enfants, malgré eux.

Où est donc passée la notion d’accélération (saut de classe, compactage) pourtant bénéfique pour aider les jeunes à haut potentiel à développer des stratégies d’apprentissage en les mobilisant dans des défis à leur hauteur?
Ou encore celle d’enrichissement (c’est-à-dire l’ajout de nouveaux apprentissages, sans rapport avec le programme), qui leur permet de nourrir leur insatiable curiosité intellectuelle?

Combien de jeunes va-t-il encore falloir sacrifier, d’ici à ce que la vérité sur cette grande arnaque HP éclate enfin?

Ma conférence s’exporte !

Ce dimanche, j’aurai l’honneur de présenter ma conférence « Le haut potentiel existe-t-il? » à nos voisins français. Et une édition est également prévue pour le Canada dans la foulée !

Actuellement, elle ne se donne encore qu’en comité restreint, sur invitation privée. Mais un enregistrement vidéo ne devrait pas tarder pour tous les intéressés qui l’ont manquée…

Stay tuned !

Bientôt publiée…

C’est avec beaucoup d’émotion que je vous annonce ma participation à un ouvrage collectif sur le haut potentiel au côté de 46 auteurs parmi les plus grands de ce domaine.

Ce livre, à destination des étudiants et des professionnels, s’annonce être un ouvrage de référence complet sur le sujet.

Dans ce cadre, mon chapitre développera l’approche systémique stratégique dans le travail thérapeutique autour de la notion du haut potentiel.

Je remercie Nathalie Clobert et Nicolas Gauvrit de m’avoir permis de participer à cette belle aventure.

Bientôt la parution de l’ouvrage chez l’éditeur De Boeck :

Pour en savoir plus : https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807328150-psychologie-du-haut-potentiel

La coloration HP, un concept dilué

Un diagnostic va permettre de mettre en place des mesures spécifiques : des adaptations de l’environnement et des traitements. Il est donc demandé au système de s’adapter. 

Le revers est par contre la stigmatisation (notion de « patient désigné ») : le diagnostic va induire un changement de perception que le système a de la personne, ainsi que celle que la personne a d’elle-même.

En outre, on va induire une nouvelle croyance, en partant du principe que cette croyance est plus bénéfique que la précédente. On travaille sur la vision du monde des patients et de son environnement.

Le risque est de confronter directement les croyances des personnes, ce qui aura pour conséquences de les cristalliser (ce sont les résistances), et donc de figer leur fonctionnement.

Cette manière d’analyser les fonctionnements constitue le fondement de toute la psychiatrie classique (et même au-delà), le bilan psychologique étant l’outil qui permettra de comprendre comment la personne fonctionne, et surtout, dysfonctionne. Cela part du principe que les comportements sont fixes, du fait qu’ils découlent de traits de personnalité.

Identifier un HP chez des gens, même si on dilue sa prise de position théorique par des termes tels que « le HP colore des troubles associés », va nécessairement dans le sens d’un diagnostic. Cela revient à « faire rentrer par la fenêtre, le diable qu’on a fait sortir par la porte ».

Alors que d’autres approches, telles que celle d’Erickson et du modèle de Palo Alto, qui travaillent directement sur les comportements en ne se positionnant jamais par rapport à leur vision du monde, seront beaucoup plus porteur de changement. Le thérapeute ne cherchera pas à induire de nouvelles croyances (avoir raison), puisque la norme n’existe pas (notion de constructivisme: chacun a une vision du monde qui lui est propre).

Ce type d’approche sous-tend que les comportements ne sont pas fixes et dépendent de la situation dans laquelle la personne se trouve, du contexte.

On proposera un nouveau mode de fonctionnement par l’expérimentation de nouveaux comportements, qui vont directement découler de la manière dont la personne va amener son problème et des comportements qu’elle met habituellement en place pour solutionner son problème. Ce nouveau comportement est l’expérience émotionnelle correctrice. Elle peut être réalisée en séance, par un recadrage, ou hors séance, par des tâches.

Les hautes capacités intellectuelles deviennent alors une ressource au service du changement.

L’effet néfaste du label HP

Il peut être nuisible d’étiqueter le haut potentiel intellectuel (HPI) via une approche catégorielle. Cette approche associe souvent le HPI à des termes tels que « fonctionnement psychologique différent », « caractéristiques qualitatives spécifiques », ou encore « personnes neuroatypiques ». Cela favorise chez une part des personnes un sentiment de différence. Pour celles que l’on retrouve en consultation, cela contribue généralement à augmenter leur mal être.

Cette notion qualitative du HPI semble surtout cristalliser ces croyances infondées. En augmentant les distorsions cognitives (biais cognitifs), ces croyances affectent la représentation du monde des personnes, et, par un effet de circularité, leur relation aux autres. Par conséquent, cela peut encore accentuer la sensation de décalage, d’incompréhension et de rejet que ceux-ci peuvent éprouver, et les pousser dans des choix de vie qui ont de lourdes conséquences…

En effet, si cette étiquette semble à court terme atténuer les souffrances de certains, elle ne fait qu’entretenir le problème. Il s’agira donc de la dépasser, si on veut réaliser un changement.

Même s’il semble que certains attributs se dégagent avec le QI (efficacité et rapidité de la cognition, meilleures facultés d’apprentissage et mise en lien de l’information, précocité du raisonnement moral), et ce, en terme de degré (notion de quantitatif), ils sont toujours en lien avec les hautes capacités intellectuelles. En aucun cas, ils ne sont directement corrélés à la sphère affective/émotionnelle, sociale ou à des traits de personnalité, ou encore, à une structuration globalement distincte du cerveau.

Chaque personne est unique. Elle est le fruit de la combinaison de capacités innées et acquises, ainsi que du contexte interne (motivation, personnalité, etc) et externe (environnement, etc) dans lequel elle se situe. En outre, elle est en perpétuel développement.

La frontière entre un thérapeute et un gourou est mince. Ce n’est que par un travail thérapeutique déjouant ces étiquettes que chacun pourra changer ses perceptions, son regard sur le monde, et, par là, ses comportements, dans le but de retrouver ses aptitudes d’adaptation. C’est comme cela que je conçois toute l’expertise d’un thérapeute spécialisé dans le haut potentiel intellectuel.

Le HP en mode psychanalytique

Suite à ma formation en thérapie systémique et stratégique à l’Institut Gregory Bateson, je comprends mieux les différences entre les courants de la psychologie clinique et j’en mesure plus précisément leur portée. Cette lumière m’apporte une nouvelle perspective sur le combat à l’œuvre dans le domaine du haut potentiel intellectuel.

Révoltée par les mythes propagés à outrance sur le sujet, je suis maintenant plus « sereine » de constater que les pseudo-vérités énoncées par les livres grands public ont été construites sur le même principe que la psychanalyse: les auteurs prenant simplement racine dans cette vision du monde qui est la leur.

En effet, basées sur des interprétations hypothétiques de cas cliniques (c’est-à-dire leur patientèle), ces croyances sur le HP ont été, sans aucune validation scientifique, généralisées en théorie, avec des traits de personnalité immuables au devant de la scène. Se basant sur un modèle normatif, ces traits qualitatifs inférés forment une étiquette (un diagnostic) avec un mode de fonctionnement distinct. Et, bien sûr, seul un expert (le psychanalyste) est garant du normal et du pathologique, et peut donc déterminer si son patient en fait partie ou s’il ressort plutôt des autres, qualifiés quant à eux par certains, de normo-pensants.
C’est avec ce type de pensée dichotomique que l’homme blanc européen a colonisé le monde, s’imposant comme LA référence!

De telles théories devraient être bien obsolètes… Mais le grand public est malheureusement loin de connaître l’ampleur du développement de la psychologie, Erickson et le Mental Research Institute de Palo Alto, ayant depuis lors introduit une notion constructiviste dans leur approche. Celle-ci semble pourtant toujours tellement avant-gardiste !
Il aura fallu attendre le milieu du siècle précédant et la fin de la guerre pour se libérer de ces visions normatives et primitives de la pensée.

Sommes-nous cependant tous prêts à changer d’angle de vue en ouvrant les yeux sur ces croyances infondées qui nous emprisonnent?
Il est nombre de gens qui « préfèrent des mensonges qui les rassurent aux vérités qui les dérangent » (Michel Onfray).

Nous sommes tous différents! Et c’est dans la confrontation à cette différence, par de multiples ajustements, que nous évoluons et que les changements s’opèrent…

Mode d’emploi pour détourner la notion de haut potentiel et créer un neuromythe qui rapporte

1. Inventer une pathologie en énonçant que le HP est un fonctionnement qualitativement différent qui n’amène que des difficultés et des échecs.

2. Décrire des traits spécifiques, des caractéristiques qualitatives distinctives, qui le définissent, en prenant des caractéristiques qui font que tout le monde s’y reconnaît, et se faisant, créer une demande pour alimenter son affaire.

3. Valider ses dires par des témoignages et des interprétations fausses d’études scientifiques ou par des études pour lesquelles il y a un biais d’échantillon.

4. Décourager les gens à se confronter aux faits réels (par une évaluation intellectuelle) pour ne pas que ceux-ci se rendent compte de la supercherie ou carrément discréditer ces tests.

5. Faire croire qu’on est les seuls à pouvoir les comprendre et les soigner.

6. Diffuser cela en masse via les médias en se faisant passer pour des experts pour créer une croyance.

7. Surtout ne jamais reconnaître ses erreurs et persévérer dans ses dires.

8. Former des professionnels ou autres, et donner des conférences, pour entretenir cette croyance.

9. Se faire plein d’argent sur la crédulité des gens parce qu’il est bien plus confortable de se faire apposer une étiquette d’HP que de se confronter à ses réelles difficultés.

Cqfd!

L’Intelligence Day de Mensa Be

Magnifiques interventions de Ghislaine LABOURET et de Patrick SANTILLI hier à l’Intelligence Day, qui nous ont démontré, sources à l’appui, que les personnes à Haut QI n’ont pas un cerveau radicalement différent des autres et ne sont pas sujets à davantage d’insatisfaction scolaire ou à un risque plus important d’échec scolaire.
Merci à Mensa Be pour ces conférences d’une très grande qualité.

Même s’il n’existe pas encore de consensus sur la définition du haut potentiel intellectuel, principalement parce que les tests qui permettent sa mesure ne possèdent pas tous les mêmes normes, les pseudo-vérités énoncées par les livres grands publics et véhiculées par les médias sont clairement invalidées par les études scientifiques.

Il est maintenant important que chaque personne qui se sente en difficulté (émotionnelle, scolaire/professionnelle, sociale,…) découvre la véritable source de son problème, au lieu de se cacher derrière cette fausse étiquette catégorisante et victimisante.

Il s’agit à tous de trouver son potentiel à réaliser (intellectuel ou autre) et de développer son talent, pour prendre sa place dans le monde et ajouter sa pierre à l’édifice, afin de l’élever plus haut.

Mise au point sur le Haut Potentiel

Une énième mise au point sur le sujet du haut potentiel intellectuel que j’ai écrit en réponse à un article :

Je suis psychologue clinicienne et neuropsychologue, spécialisée notamment dans le domaine du haut potentiel intellectuel. En tant que psychologue clinicienne, je reçois des personnes HP et non HP. Toutes ont un point commun, elles ont un problème qui les fait venir en consultation. Elles méritent une attention particulière et d’être traitées avec respect et humanité.

Dans ce cadre, la question de la définition du haut potentiel me semble bien primordiale. Je ne pense pas qu’il soit thérapeutique de faire des liens de causalité là où il n’en est pas, de les « identifier » par un fonctionnement différent et des caractéristiques qualitatives différentes, comme si on leur imprimait un code barre sur la peau, et ce, finalement en remplaçant une étiquette par une autre, alors que c’est incorrect: « Mais non, Monsieur, vous n’êtes pas fou, vous êtes HP ! ».
Ces gens qui attendaient une écoute et des outils pour sortir de leur problème se voient à nouveau catégoriser, de manière plus confortable, je vous l’accorde, mais sans aucune solution. En effet, la question suivante est alors: « Madame, pouvez-vous me guérir de mon haut potentiel ? ».

On n’est pas haut potentiel. On peut avoir un haut potentiel intellectuel, dans certain domaine ou non, tout en s’accordant sur le fait que le fait même de placer une limite qui catégorise l’intelligence n’a de valeur que statistique, puisque nous savons que l’intelligence s’inscrit sur un continuum.

Je suis outrée et indignée que des praticiens préfèrent croire en des mythes plutôt que les faits scientifiques. Ils salissent notre magnifique métier et trahissent la confiance que les personnes qui ont un problème placent en nous pour les accompagner.
Et je continuerai d’informer les gens qu’on nous vend des mensonges et que c’est dangereux.