Il peut être nuisible d’étiqueter le haut potentiel intellectuel (HPI) via une approche catégorielle. Cette approche associe souvent le HPI à des termes tels que « fonctionnement psychologique différent », « caractéristiques qualitatives spécifiques », ou encore « personnes neuroatypiques ». Cela favorise chez une part des personnes un sentiment de différence. Pour celles que l’on retrouve en consultation, cela contribue généralement à augmenter leur mal être.
Cette notion qualitative du HPI semble surtout cristalliser ces croyances infondées. En augmentant les distorsions cognitives (biais cognitifs), ces croyances affectent la représentation du monde des personnes, et, par un effet de circularité, leur relation aux autres. Par conséquent, cela peut encore accentuer la sensation de décalage, d’incompréhension et de rejet que ceux-ci peuvent éprouver, et les pousser dans des choix de vie qui ont de lourdes conséquences…
En effet, si cette étiquette semble à court terme atténuer les souffrances de certains, elle ne fait qu’entretenir le problème. Il s’agira donc de la dépasser, si on veut réaliser un changement.
Même s’il semble que certains attributs se dégagent avec le QI (efficacité et rapidité de la cognition, meilleures facultés d’apprentissage et mise en lien de l’information, précocité du raisonnement moral), et ce, en terme de degré (notion de quantitatif), ils sont toujours en lien avec les hautes capacités intellectuelles. En aucun cas, ils ne sont directement corrélés à la sphère affective/émotionnelle, sociale ou à des traits de personnalité, ou encore, à une structuration globalement distincte du cerveau.
Chaque personne est unique. Elle est le fruit de la combinaison de capacités innées et acquises, ainsi que du contexte interne (motivation, personnalité, etc) et externe (environnement, etc) dans lequel elle se situe. En outre, elle est en perpétuel développement.
La frontière entre un thérapeute et un gourou est mince. Ce n’est que par un travail thérapeutique déjouant ces étiquettes que chacun pourra changer ses perceptions, son regard sur le monde, et, par là, ses comportements, dans le but de retrouver ses aptitudes d’adaptation. C’est comme cela que je conçois toute l’expertise d’un thérapeute spécialisé dans le haut potentiel intellectuel.