A l’heure actuelle, il semble que la Fédération Wallonie-Bruxelles éprouve toujours des difficultés à se défaire des légendes sur le HP, ces « neurofoutaises », inventées par certains praticiens, des experts autoproclamés, et encore massivement diffusées par les médias, au plus grand dam de la communauté scientifique.

Ainsi, on peut notamment lire sur le site enseignement.be : « Il est admis qu’un élève à hauts potentiels sur trois est en échec scolaire ». Cette affirmation permet de justifier leur position, alors qu’il a été démontré scientifiquement que cette hypothèse était tout à fait erronée. (cf « La pseudoscience des surdoués », Franck Ramus et Nicolas Gauvrit)

Si on prend les fameuses caractéristiques qualitatives (arborescence de la pensée, hypersensibilité, perfectionnisme, inadaptation sociale,…) comme critères d’identification d’un haut potentiel, cela conduit effectivement à des erreurs et on se voit qualifier de haut potentiel la majorité des enfants ayant des difficultés de tout ordre (cognitif, émotionnel, social).

Au contraire, il a pu être démontré que la notion de haut potentiel renvoie plutôt à de meilleures aptitudes cognitives (rapidité et efficacité de la cognition, meilleure mise en lien de l’information) et, par conséquent, à de meilleures facultés d’apprentissage, objectivables par l’administration d’un test de QI standardisé.

Malheureusement, les idées reçues sur le haut potentiel s’invitent partout, jusqu’aux institutions les plus réputées

En effet, quelle ne fût pas ma surprise de trouver, dans une « demande d’aménagements raisonnables » pour les élèves à besoins spécifiques/en situation de handicap, le haut potentiel au beau milieu de troubles (troubles « dys », TDA/H, troubles auditifs et visuels), avec comme options à cocher, une liste de symptômes tels que :

  • Difficultés liées au langage, à la lecture, l’écriture ou l’orthographe
  • Difficultés visuo-spatiales ou motrices
  • Difficultés d’attention et/ou concentration, fatigabilité, difficulté d’organisation
  • Difficultés sensorielles visuelles ou auditives
  • Difficultés à gérer le stress, un horaires et des délais
  • Difficultés à établir des contacts interpersonnels
  • Aptitude limitée à tolérer les bruits et les foules
  • Risque de malaise, d’absences fréquentes,…

Ainsi que cette proposition de choix comme seules possibilités d’aménagements :

  • Allègement de l’année,
  • Absences ponctuelles justifiées,
  • Tolérance orthographique,
  • Tiers-temps complémentaire aux examens,
  • Modification des modalités de l’examen (support, isolement, sorties autorisées,…)

Ces demandes d’aménagements pédagogiques spécifiques semblent bien instrumentalisées dans une cause qui ne peut qu’aboutir à la victimisation de ces enfants, malgré eux.

Où est donc passée la notion d’accélération (saut de classe, compactage) pourtant bénéfique pour aider les jeunes à haut potentiel à développer des stratégies d’apprentissage en les mobilisant dans des défis à leur hauteur?
Ou encore celle d’enrichissement (c’est-à-dire l’ajout de nouveaux apprentissages, sans rapport avec le programme), qui leur permet de nourrir leur insatiable curiosité intellectuelle?

Combien de jeunes va-t-il encore falloir sacrifier, d’ici à ce que la vérité sur cette grande arnaque HP éclate enfin?